Décembre 2015, je pars dans le nord du Congo 15 jours. Je vais chercher l’odeur âcre que Marlow et Kurtz respiraient dans la forêt tropicale humide, au coeur des ténèbres.
L’objectif principal du voyage est de suivre quelques jours le Père Lucien Favre, missionnaire. Père Lucien est installé dans le pays depuis plus de 20 ans. Son combat, il le mène auprès des Baakas. Il y a quelques jours, j’aurais dit Pygmées, plutôt que Baakas, mais le terme péjoratif, attribué en période antique, n’a plus le même goût quand on sait ce peuple encore tenu en quasi esclavagisme par les autres populations locales. La mission de Père Lucien n’est pas religieuse, mais éducative. Il souhaite donner aux Baakas l’accès à l’égalité par la connaissance.
Depuis Pointe Noire, il me faut 3 jours, 2 vols, 3 taxis voitures, 1 taxi moto, 6h en vedette rapide de l’UNHCR pour arriver dans le 4×4 de Père Lucien, géant au sourire radieux et à l’accueil chaleureux.
Impfondo, la préfecture récemment construite reste vide et silencieuse.
Il faut 4h aux 2 x 115cv de la vedette du Haut Commissariat aux Réfugiés pour nous pousser, à 30 noeuds, d’Impfondo jusqu’à Betou. Chacun s’équipe comme il peut pour se protéger du vent et des embruns.
Bétou, la zone subit des mouvements de populations, en fonction de l’actualité politique locale, nous sommes aux frontières de la République Centre-Africaine, et de la République Démocratique du Congo. C’est aussi là que se trouve la principale école de formation professionnelle de la région, gérée par Père Lucien : travail du bois, mécanique, informatique, couture, hôtellerie…
Père Lucien gère son équipe qui est totalement dévouée au projet.
Au passage de notre convoi, les écoliers manifestent leur fierté par des chants.
Visite médicale, distribution de médicaments, cueillette du poivre et installation de ruche, l’action de Père Lucien et son équipe ne se limite pas à la formation l’objectif est de permettre aux Baakas d’être en bonne santé et plus indépendants financièrement.
Après avoir été intégrés dans les villages Bantous sans pour autant être mieux considérés, certains Baakas commencent à retourner vivre en forêt, dans les igloos végétaux traditionnels.
Le chef du village au moment de mon départ.
100Km de piste en 4h, à mobylette.